vendredi 30 septembre 2011

Enigme 26

Vous connaissez le jeu des  incipit  "bidouillés" par mes soins pour lutter contre le redoutable Monsieur-je-sais-tout. Aujourd'hui, je vous propose celui des excipit! Il faut bien varier les plaisirs! J'ai de nouveau utilisé la synonymie et/ou l'antonymie ou des registres de langue différents pour brouiller les pistes. Quand des personnages étaient cités dans ces excipit, je les ai présentés sous forme d'anagramme ou de paronyme (mot à consonance voisine). Pour les dates, je n'ai rien changé.
A vous de jouer maintenant; il y a en 3 à trouver. Bonne chance!


1. J'ai écrit une bafouille  à mon vieux dès que j'ai foutu les pieds à terre. J'ai capté, par le billemuche de mon frangin , la calanche de mon daron, à laquelle j'ai les grelots, avec assez dans le ciboulot, que mes conneries ne l'aient précipité dans la tombe.  Le zef s' étant levé pour Sicala, j'ai pris le premier rafiot, dans le but de me rendre tout près de cettte ville, chez un brave zig de ma famille, où mon frangin m'a gratté qu'il allait battre la semelle pour moi.




2. L'un des rameaux du petit saule qui croissait dans le jardin touchait à peine le muret, et il pouvait apercevoir les plus éloignées des branches obscurcis par la nuit, avec leurs feuilles pareilles à des ailes palpitant violemment sur le fond des réverbères, les folioles en amande vernies d'un vert anis par la lumière électrique s'agitant parfois comme des panaches, comme animées subitement d'un geste singulier, comme si l'arbre dans son ensemble s'éveillait, se secouait, remuait, après quoi tout se calmait et elles retrouvaient leur fixité.

3. Grand esprit, esprit sensible et aérien, compagnon de mon corps, qui fut ton abri, tu vas monter , dans ces espaces blancs, difficiles et dénudés, où tu devras renoncer aux amusements de jadis. Une fois encore, admirons chacun de notre côté les rivages connus, les objets que nous n'apercevrons plus... Essayons d'entrer dans les limbes les yeux écarquillés...

Si vous les souhaitez, vous pouvez m'envoyer vos réponses à xtinemer@gmail.com avant dimanche soir. J'ai conscience de la difficulté: je vous donnerai des indices, si nécessaire. Amusez-vous bien!

Pas de gagnants cette semaine: Catherine, Pierre, Calyste, Eric et Patrick n'ont pas démérité. Bravo tout de même à vous, parce que ce n'était pas facile du tout!
Enigme 1

J'écrivais à ma famille en arrivant. J'ai appris, par la réponse de mon frère aîné, la triste nouvelle de la mort de mon père, à laquelle je tremble, avec trop de raison, que mes égarements n'aient contribué. Le vent étant favorable pour Calais, je me suis embarqué aussitôt, dans le dessein de me rendre à quelques lieues de cette ville, chez un gentilhomme de mes parents, où mon frère m'écrit qu'il doit attendre mon arrivée.
Manon Lescaut, Abbé Prévost

Enigme 2
L'une des branches du grand acacia qui poussait dans le jardin touchait presque le mur, et il pouvait voir les plus proches rameaux éclairés par la lampe, avec leurs feuilles semblables à des plumes palpitant faiblement sur le fond de ténèbres, les folioles ovales teintées d'un vert cru par la lumière électrique remuant par moments comme des aigrettes, comme animées soudain d'un mouvement propre, comme si l'arbre tout entier se réveillait, s'ébrouait, se secouait, après quoi tout s'apaisait et elles reprenaient leur immobilité.
L'Acacia, Claude Simon

Enigme 3
Petite âme, âme tendre et flottante, compagne de mon corps, qui fut ton hôte, tu vas descendre dans ces lieux pâles, durs et nus, où tu devras renoncer aux jeux d'autrefois. Un instant encore, regardons ensemble les rives familières, les objets que sans doute nous ne reverrons plus.... Tâchons d'entrer dans la mort les yeux ouverts...
 Mémoires d'Hadrien,  Marguerite Yourcenar

mardi 27 septembre 2011

Wrocław (1)

C'était en 1983. L'été.

M., mon meilleur copain, celui avec qui j'avais préparé et réussi le Capes, me proposa de partir en Pologne, un pays qu'il connaissait bien. Sa mère, Polonaise, et responsable de l'association France-Pologne, l'avait  emmené dans ses nombreux  voyages et lui avait appris sa langue. Il avait envie de me faire découvrir ce pays dont nous parlions tant - on aimait tous les deux Gombrovicz , Kantor et Topor aussi!- et qu'il chérissait tout particulièrement...

Curieuse de ces pays dits à l'époque "de l'Est",  j'acceptai. Nous partirions avec ma voiture, pour un séjour de trois semaines, en passant par la  Tchéco, pays que nous pourrions seulement traverser puisque nous n'avions obtenu qu'un visa de 48 heures ...

Fin juillet, nous partîmes donc, la voiture bourrée de denrées toutes aussi improbables les unes que les autres pour l'Occidentale favorisée que j'étais: kilos de café, dont j'appris très peu de temps après que c'était "l'or noir" du pays pour négocier médicaments, essence et nourriture: il y avait aussi pêle-mêle (c'est peu de l'écrire), savon, laine, papier alu - des rouleaux par dizaines!-, épicerie sèche, antibiotiques, crèmes diverses et variées, coton, vêtements, conserves, ballons en plastique pas bien costauds, poupées bon marché, tennis, etc. Je ne sais plus exactement mais la 104  que j'avais à l'époque était pleine à ras bord. Sans oublier des dollars aussi, planqués dans nos sous-vêtements. 

La première étape était, après Prague, Wrocław, la ville où nous devions retrouver Margolzata, une jeune femme, amie de la famille de mon compagnon de voyage et qui réussissait à venir en France et à "l'Ouest", grâce à la troupe folklorique qu'elle dirigeait, même si, en y regardant de plus près, elle ne dirigeait pas grand-chose, puisque sans cesse sous la surveillance de toute une police secrète qui à l'époque voyageait avec les artistes... 

La première épreuve fut la frontière: les voitures occidentales étaient systématiquement fouillées. Nous eûmes "la chance" de ne pas être dépouillés  de nos  douze kilos de café. Nous dûmes payer l'équivalent de mille francs à l'époque- M. s'y était préparé, connaissant le tarif!- mais ma foi, ce n'était pas cher payé, d'après lui! Nous jouâmes la comédie des touristes à la fois ulcérés d'être délestés d'une telle somme et en même temps ... dociles. Non seulement on nous avait complètement "désossé" la voiture - les garnitures de portes gisaient au sol- mais en plus on nous faisait payer le prix fort! En réalité, nous nous réjouissions d'avoir toujours les dollars au chaud! J'avais heureusement échappé à la fouille au corps, la seule femme du poste frontière venait de quitter son service; les dollars destinés à la famille et aux amis étaient sauvés!   Belle époque qui doit évoquer bien des souvenirs à celles et ceux d'entre vous qui se "risquaient" à franchir les frontières de ces pays camarades... 

On s'en foutait! Nous étions passés avec tout notre fourniment! C'était l'essentiel...

Nous arrivâmes tard à Wrocław; Margolzata, son frère, ses parents nous attendaient. Au menu, du thé brûlant, quelques harengs en conserve, et de délicieux pounchkis!

C'était l'époque des vaches maigres: des queues à n'en plus finir pour n'avoir rien dans son cabas ou presque! Ce fut un dîner léger mais un de ceux que je n'ai jamais oubliés! Je n'avais jamais connu une telle chaleur, une telle hospitalité. J'avais l'impression de comprendre la joie et le chagrin de mes hôtes alors que je ne parlais ni ne comprenais aucun mot de polonais...

Cet état de grâce ne faisait que commencer.

vendredi 23 septembre 2011

Enigme 25


Je suis né en Suède, à Stockolm, dans la première moitié du XXème siècle. Mes parents, après s'être retrouvés, ont migré aux USA quelque temps après ma naissance. 

Après des études d'art et de design, j'ai créé des  collections de cartes célèbres. Dans les années 70 j'ai rencontré  ma femme, une artiste et éditrice française avec qui j'ai fondé une revue, devenue célèbre.

Je connais véritablement la "gloire" dans les années 80 avec un livre racontant la vie de mes parents, le suicide de ma mère qui n'a pas réussi à "oublier"et les rapports difficiles avec mon père, survivant devenu -ironie du sort- raciste et cynique.  J'obtiens un célèbre prix de mon pays pour cette oeuvre.

Je vis à Manhattan et j'ai été un témoin direct du 11 septembre. L'un de mes derniers ouvrages illustre cet événement, dont j'avais raconté des épisodes que de grands journaux américains m'avaient refusés parce qu'ils étaient "politiquement incorrects", autrement dit dérangeants. Cette oeuvre a elle aussi décroché un prix.
Qui suis-je?

Comme d'habitude, vous pouvez envoyer vos réponses, si vous le souhaitez, à xtinemer@gmail.com avant lundi soir.

Je ne pourrai vous répondre que dimanche, en fin d'après-midi.


Tous les participants ont gagné! Il s'agissait bien d'Art Spiegelman, fondateur avec sa femme, Françoise Mouly,  de la revue Raw, et qui devint très connu avec Maus, récompensé par le prix Pulitzer en 1992; il a également reçu le prix de la ville d 'Angoulême en 2011, pour A l'ombre des tours mortes.
Bravo à toutes et tous!

mercredi 21 septembre 2011

Weir (Peter)

 Il est le réalisateur du Cercle des poètes disparus mais ce n'est pas de ce film que je voudrais parler. Non, le film de cet australien, que j'ai revu il y a peu et que je trouve très fort, c'est The Truman Show qui date de 1998.

Le sujet ? La télé-réalité . Vaste programme!

Le scénario: un type d'une trentaine d'années mène une vie plutôt heureuse dans une cité "joyeuse" où les maisons toutes plus proprettes les unes que les autres, abritent des habitants amènes, serviables, sans problème particulier, sans sentiment belliqueux ni revendicatif . Le meilleur des mondes possibles, en somme. Sauf qu'un jour, Truman (Jim Carrey), ce "héros"simple, modeste, qui ressemble à Monsieur Tout-le-monde commence à douter de ses congénères,  de sa femme, de ses voisins, de cette vie trop parfaite. Il se sent observé: il voudrait bien réaliser son rêve, partir aux îles Fidji mais dans la si jolie petite île où il vit, ce rêve semble à tous incongru, angoissant et finit par lui être interdit. On lui met de "gentils" bâtons dans les roues et peu à peu Truman se sent prisonnier. Les téléspectateurs ne sont pas aussi dupes que Truman; ils savent que ce pauvre gars est la vedette d'un programme de téléréalité à très forte audience, sans que le principal intéressé le sache. Ils savent , ces spectateurs-personnages du film, que la société de production l'a acheté avant sa naissance - c'était un gosse voué à l'abandon- et que la télévision l'a suivi depuis son existence intra-utérine jusqu'à ces jours où il a le fort sentiment d'aller voir ailleurs. Nous, les "vrais" spectateurs, nous le découvrons peu à  peu, tout comme nous entrons dans les cuisines d'une émission de téléréalité : c'est évidemment édifiant! Truman arrivera-t-il à s'échapper de cet univers en carton peuplé de figurants? Se décidera-t-il à quitter un monde tranquille où il est un héros heureux pour entrer dans un monde sans pitié? Et que deviendront les téléspectateurs sans Truman?

Ce n'est qu'une fiction mais elle donne des frissons dans le dos. Nous connaissons tous les effets de  ce type d'émission sur les individus qui la regardent : voyeurisme, abêtissement, décervelage, grossièreté, j'en passe. La métaphore de l'enfermement du "héros", assez habilement développée dans ce film, renvoie au propre enfermement du téléspectateur. Les participants à ces programmes de télé-réalité, enfermés dans des studios imitant le confort (le luxe?) sont-ils les seuls à l'être, enfermés,  contre leur gré ? 

L'ex-président de la société Endémol  (créatrice du premier Loft Story) déclarait il y a quelques jours, sans une once de doute sur son visage, que "la télé-réalité est désormais totalement banalisée ". Ah oui? Cela veut-il dire que la télé-réalité ne rapporte plus autant, que les jeunes qui en sont les plus grands consommateurs n'en redemandent pas, qu'ils ne sont plus en état de confusion entre ce qu'ils voient et ce qu'ils vivent ou vivront? Aux USA et au Canada, la télévision donnait  en pâture récemment la vie de l'homme le plus gros du monde...

Ce que je ressens, souvent, devant des ados captifs de ces programmes qui ont la peau dure, c'est que la télé-réalité a fait et fait toujours les mêmes ravages. Un enfermement d'esprit, inodore, incolore mais meurtrier. Comment le savoir et l'esprit critique qui s'acquièrent dans la douleur peuvent-ils faire le poids face au (pseudo) "vécu" des ces émissions animées par de "vraies" personnes?
La mystification a toujours de beaux jours devant elle... J'enrage!

dimanche 18 septembre 2011

Enigme 24

Voici les anagrammes de 6 personnages d'un roman. A vous de les retrouver ainsi que le titre du roman qui les voit vivre. Enfin, quel est leur point commun?


GAILLE - HOBALER- CERFOURCAY-
SERJALON- FORECEMBRE-VAPOURIER

Amusez-vous bien! Si vous le souhaitez, vous pouvez envoyer votre réponse à xtinemer@gmail.com avant mardi soir.

Anijo et Catherine ont trouvé la bonne réponse. Bravo! Cependant, vu la rapidité avec laquelle Anijo a résolu l'énigme, elle reçoit toute mon admiration, ainsi que celle des autres joueurs, n'est-ce pas?

Il fallait donc trouver :

LAIGLE- BAHOREL- COURFEYRAC- ENJOLRAS- COMBEFERRE et PROUVAIRE, tous membres du Club de l'ABC dans Les Misérables. Ils sont tous morts sur la barricade de la rue St Denis, ou dans le café Le Corinthe,  le 5 juin 1832.

jeudi 15 septembre 2011

Weisbuch

Il s'appelle Claude, il est Lorrain, et il est né un peu plus de trois siècles après Claude le Lorrain, ce peintre à qui Le Louvre consacra une belle exposition il y a peu. Pourtant, Claude Weisbuch revendique "ses stimulations essentielles" d'un autre Lorrain, Jacques Callot, graveur et dessinateur du début du XVIIème  qui porta son regard sur une population à laquelle les artistes de l'époque ne portaient guère attention et que les misères portaient au désespoir. Ses Grandes Misères de la guerre, ses Gueux, ses Caprices ont nourri l'oeuvre de Weisbuch et notamment ses Pantomimes extraordinaires.




Mais Weisbuch n'admire pas seulement Callot.  Rembrandt, né une quinzaine d'années après Callot dans cette Hollande qui est celle des drapiers et des brasseurs, fait l'admiration de Weisbuch . Deux artistes très différents, certes! Callot , enfant exilé en Italie, fait un art de rue: il dessine sur le moment. Du dessin-reportage en quelque sorte. Rembrandt, lui, est un sédentaire; non seulement il ne s'est jamais éloigné de Leyde ou d'Amsterdam, mais il reste confiné dans son atelier: il  refusait, paraît-il,  d'ouvrir sa porte fût-il un monarque quand il travaillait. Mais ce qui réunit ces deux tempéraments si opposés, c'est le regard qu'ils portent sur les hommes: la compassion à l'égard de la souffrance , la sympathie pour les humbles, l'étonnement devant la cruauté. A l'oeil tendre et fugace de Callot s'oppose le regard concentré et fervent de Rembrandt qui sonde le coeur.  Ses quatre vingts  auto-portraits , qui révèlent ce désir de "se voir", tentent de saisir ce que nous sommes, "objets" sous la lumière et les ténèbres qui submergent. Weisbuch lui aussi, s'est pris pour modèle,  cherchant à saisir sa vérité.

Enfin, on parle d'une filiation évidente entre Weisbuch et Daumier. Le Lorrain fit de lui en effet deux portraits mais l'essentiel , c'est que ces deux artistes scrutent les gestes, les attitudes, les humeurs des hommes pour mieux débusquer leurs  obsessions, leur anxiété, leur arrogance ou leur peur. Des  gravures , des lithos ou des dessins non pas caricaturaux mais tendus, aigus.


Même si les sujets sont différents -Daumier ayant une prédilection pour les avocats et Weisbuch pour les musiciens-, on sent chez ces deux artistes, une même volonté de rendre compte du mouvement et du tempérament des sujets . Il y a à la fois beaucoup de soin , une force et un trait rapide: le trait de la vie.


Pour réaliser cette note, je me suis inspirée du texte de Patrick Waldberg qui préface une édition hors commerce des oeuvres de Weisbuch, réalisée pour la Nouvelle Librairie de France à l'occasion de la réédition du Faust de Goethe illustré par ce dessinateur/graveur/peintre que j'affectionne tout particulièrement.

dimanche 11 septembre 2011

Western

Je suis de la génération du western spaghetti :  jeune adolescente,  j'ai vu le fameux Il était une fois dans l'Ouest qui marquait le renouveau du western. J'ai été plutôt bon public parce que je trouvais les acteurs formidables, et la musique d'Ennio Morricone trottait dans toutes les têtes. Mais dans toute cette production italienne, c'est ce film-là qui m'a marquée. Tous les autres m'ont laissé une impression d'ennui malgré la présence du "beau ténébreux" de l'époque, Clint Eastwood, dans bon nombre de ces films qui devenaient répétitifs et prouvaient que ce renouveau n'arrivait pas à la hauteur des bons vieux westerns classiques de l'âge d'or hollywoodien.


 Ce n'est donc  pas ce film-là que j'associe au mot western. Non, le film qui  a marqué mon goût pour le genre, c'est La Chevauchée fantastique, vu à la télévision quand elle s'appelait ORTF, cette bonne vieille télé, en noir et blanc, celle -antédiluvienne me direz-vous- où se succédaient La séquence du jeune téléspectateur, Les dossiers de l'écran, Le Théâtre de la jeunesse, Discorama. C'est dans le cadre de l'émission Cinéma du dimanche- dont je vous joins le générique ICI - diffusée le dimanche après-midi- que j'ai probablement vu pour la première fois ce western. Mon père, nourri aux Enfants de troupe avec ce cinéma-là - c'étaient les seules récrés de ces mômes- a su nous passer le virus. Je m'étonne comment les gamins de 9 à 14 ans que nous étions ont pu "boire" ce film (et bien d'autres) sans sourciller. Il est vrai que la télévision couleurs n'avait pas encore droit de cité dans tous les foyers... 

Ce film, que j'aime toujours autant, m'avait  conquise: ce que j'aimais, c'était tous ces personnages si contrastés, si différents, réunis dans cette diligence -un huis clos- lancée dans les grands espaces d'une beauté à couper le souffle et affrontant tous les dangers.  C'était tout de même une  sacrée brochette de spécimens!  Un docteur alcoolo, une dame de petite vertu (mais au grand coeur, évidemment!) chassée de la ville par les bonnes dames patronesses, un représentant en whisky, une femme d'officier enceinte, un banquier véreux et froid .Et puis John Wayne dans le rôle du hors-la-loi, pas si "hors" que ça. Et puis des scènes de poursuite anthologiques comme celle de cet Apache qui saute sur un cheval de l’attelage puis tombe entre les brancards avant d’être piétiné par les sabots des chevaux et de rouler sous la voiture. On se demande comment de telles scènes ont pu être tournées en 1939!  J'ai toujours un faible pour ce film même si d'autres sont tout aussi remarquables comme L'homme qui tua Liberty Valance ou La Charge héroïque...

Je me suis souvent demandée pourquoi c'était ce western-là qui m'avait marquée et pas un autre: en fait, je crois pouvoir répondre , mais c'est a posteriori et dans quelle mesure ces souvenirs ne sont-ils pas reconstruits à ma guise? Je crois que j'avais été très impressionnée par cette Monument Valley,  que je pensais construite en carton pâte (!), et plus tard, pendant mes études, quand j'ai découvert que La Chevauchée avait quelques ressemblances avec la nouvelle de Maupassant , Boule de Suif, j'ai été définitivement conquise! De plus, ces deux-là, Maupassant et Ford, ont connu leur succès grâce à cette première oeuvre. 

Morale de l'histoire? Prenez la première diligence qui passe: vous aurez un concentré d''humanité et quelques frayeurs, fortes.


vendredi 9 septembre 2011

Wendat , Werber et le poW WoW d'Ornans...

"Chez les Indiens Wendat du Canada (les Hurons) , juste avant de tuer  un animal à la chasse, on lui explique pourquoi on va l'abattre. On indique à haute voix qui va le manger. Ce qui se passerait pour la famille si on le ratait. Puis on appuie sur la détente. On considère que c'est l'animal qui se laisse tuer par générosité pour offrir sa chair et sa peau au chasseur qui lui a expliqué en quoi elles lui étaient indispensables."

L'Encyclopédie du savoir relatif et absolu,  Bernard Werber



Il m'aura fallu connaître Anijo, pour savoir ce qu'étaient les Pow wow  elle a participé l'an passé à l'un d'entre eux,  si ma mémoire est bonne. et nous a donc fait découvrir l'ambiance festive et chaleureuse de ces festivals culturels qui rassemblent les Amérindiens...

 En lisant l'article Wikipédia et auquel je vous renvoie, j'ai découvert avec la plus grande surprise qu'un Pow wow se déroulait en Franche Comté, à Ornans, la ville de Gustave Courbet  tous les deux ans! Ce rassemblement créé en juin 2008, est unique en Europe.

Que des Amérindiens viennent témoigner de leur culture dans le pays de Courbet, et jouent dans la vallée de la Loue, quelle bonne surprise!

Anijo, il ne te reste plus qu'à venir en 2012...


mardi 6 septembre 2011

Winslet (Kate)

Cette actrice américaine, découverte dans le colossal Titanic, mène une carrière intéressante; ses interprétations d'April dans Les Noces rebelles ou de  la mystérieuse Hanah dans Le Liseur  sont sensibles et justes.

Mais si je consacre cette note aujourd'hui à Kate Winslet, c'est surtout pour le personnage qu'elle incarne dans ce film américain tout à fait singulier qu'est Eternal Sunshine of the spotless mind, réalisé en 2004 par le Français Michel Gondry, que je ne me lasse jamais de regarder!

Il relate une histoire absolument folle qui ancre le fantastique dans le quotidien: une jeune femme très originale et un peu "décalée", Clémentine (Kate Winslet), lassée de sa relation amoureuse avec son compagnon, Joël (Jim Carrey),  un  type un peu pépère et peu inventif , décide de consulter un médecin - un drôle de médecin- pour effacer tous ses souvenirs avec  cet homme qu'elle ne supporte plus. Et effectivement, quelques manipulations plus tard,  Clémentine semble avoir tout oublié. De son côté, Joël découvre par hasard ce qu'a fait son ex et décide lui aussi de contacter ce docteur-effaceur-des-chagrins-d'amour et de repartir "vierge", comme si rien ne s'était passé. Ce médecin, aidé de deux assistants tout aussi foldingues, s'exécute et donc le doux Joël , après s'être débarrassé de  tous ses souvenirs (photos, objets, lettres etc.) s'apprête à passer une nuit singulière. Celle où, coiffé d'un casque spécial, commandé par les deux assistants peu recommandables du docteur, il va effacer tout de sa mémoire. Mais, sous l'effet d'une conscience résistante, Joël s'aperçoit qu'il ne veut pas tant que cela tout oublier. Clémentine n'était-elle pas au bout du compte la femme qu'il cherchait?

Jouant sur le temps - le début du film est apparemment normal, mais on est vite déboussolés!-, sur les ruptures narratives où logique et chronologie sont mises à mal, ce film inventif, très original, bourré d'imagination, parfois déroutant pour ne pas dire foutoir, dévoile sans lourdeur aucune, une question bien humaine: oublier l'être aimé puis haï, et se priver des bons souvenirs passés avec lui, est-ce vraiment la solution pour ôter la souffrance et le chagrin? Et qui peut-on rencontrer quand on est "nettoyé"? Méfions-nous de nous...

Cette comédie sentimentale, qui se moque des poncifs liés au genre, ne manque pas de profondeur. C'est un film avec des défauts certes, mais jubilatoire et au bout du compte, plein d'espoirs. Kate Winslet s'y montre déjantée et caractérielle à souhait! Un régal.

samedi 3 septembre 2011

What ?!

Pour vous amuser...