dimanche 30 janvier 2011

Z et le zexe

Quel est le seul mot commun de la langue française qui désigne les deux sexes?

                                             ZIZI , bien sûr!

1."D'origine onomatopéique (1775, Buffon) ce mot évoquait le cri de la variété de bruant qu'il désigne.
2. Attesté  en 1920, il entre dans la catégorie des  noms et verbes en z-z qui désignent, en particulier dans le langage enfantin, un objet quelconque (->zinzin); on peut rapprocher le mot de zoizeau, altération de oiseau. On relève antérieurement (1864) faire la zizette et zizottter "faire l'amour".
3. Appellation familière, d'abord enfantine, du sexe du jeune garçon et, par extension, d'une petite fille, le mot est devenu très courant dans l'usage familier comme désignation du membre viril et du sexe de la femme."
Dictionnaire historique de la langue française, Robert, Alain Rey, 1992

Parmi les synonymes enfantins familiers, on trouve: zézette, zigouigoui, zigounette, zozio, termes qui laissent supposer que le défaut de prononciation du z, appelé zézaiement,  serait  un fait répandu chez les enfants dès qu'ils évoquent leur sexe!!!!


Les Hommes en grandissant abandonnent le zézaiement et ont beaucoup d'imagination pour dire autre chose que pénis ou vagin! Qui aura le dernier mot? (au vu du vaste sujet, je ne sais si l'on peut être exhaustif)

"Les lecteurs de Zola utilisent la bête humaine, le bonheur des dames. Barbey d'Aurevilly, dont la fatuité était sans mesure, appelait son membre Formidable. Si nous voulons sourire un peu, rappelons que certains l'appellent tout simplement Line. Pourquoi?...." A vous de trouver la fin de ce passage du livre de Jean-Claude Carrière Les mots et la chose, illustré des dessins de Pierre Etaix, édité au Pré aux Clercs en1991.

samedi 29 janvier 2011

Enigme

Voici cinq photos qui renvoient à l'univers d' un seul écrivain. De qui s'agit-il?
(une mention spéciale à celui ou à celle qui pourra nommer les titres des oeuvres à partir des photos)

Envoyez vos réponses par mail à xtinemer@gmail.com avant dimanche 20 heures. Je donnerai la solution et l'identité des  heureux gagnants.

Amusez-vous bien!

RÉPONSE

Les z'heureux gagnants sont  Pierre et ZapPow!
Voici la solution...

mercredi 26 janvier 2011

Zambinella (La)


C’est un des personnages de Sarrasine, nouvelle de Balzac publiée en 1830, la même année que La peau de chagrin. A la même veine d’inspiration se rattachent  des œuvres  à sensibilité philosophique, où l’on décèle une dimension fantastique, comme Le chef d’œuvre inconnu (1831) et La recherche de l’absolu (1837). Balzac était à cette époque un auteur confirmé et il explorait toutes les directions narratives possibles.


Au cœur de cette nouvelle, un récit enchâssé (un récit dans un autre récit) qui raconte la passion dont s’éprend un jeune sculpteur, Sarrasine, pour la Zambinella, une chanteuse d'opéra.  Autour, -avant et après-, se déroule un récit-cadre : le narrateur assiste à un bal donné par les Lanty dont la fortune mystérieuse fait jaser. Tout comme délie les langues la présence d’un vieillard centenaire aux allures inquiétantes. La jeune et belle marquise qui accompagne le narrateur est tout aussi apeurée que les autres et fuyant la présence de ce « spectre », se réfugie dans un boudoir où elle admire une peinture  qui représente un Adonis.
Le sommeil d'Endymion, Girodet-Trioson
Le narrateur raconte le lendemain à la marquise (et à nous lecteurs, bien sûr) l’histoire qui lèvera le voile sur l’identité du vieillard, celle de l’Adonis et l’origine de la fortune des Lanty. Ce dévoilement passe par l'histoire de Sarrasine et de sa passion pressante pour La Zambinella, une soprano entretenue par le cardinal Cicognara.

Cette nouvelle, très courte, peu connue du grand public l’est devenue en 1970 avec la publication de l’essai de Roland Barthes S/Z (Sarrasine/Zambinella)  qui pour très intéressant qu’il est, donne plutôt à lire  Barthes lui-même que Balzac.

Sans dévoiler la chute, ce qui est toujours désagréable quand on ne connait pas un texte, disons seulement que ce bref récit propose une réflexion  sur les rapports qu'entretient l'artiste avec son art (le mythe de Pygmalion est clairement évoqué) en même temps qu'il aborde les thèmes de l'apparence, du reflet et de l'ambiguïté homme/femme.

Il est intéressant  de savoir que Balzac  a transformé le nom du sculpteur Sarrazin  (qui a réellement existé )en  féminisant  la terminaison et en transformant le Z en S.  Ce choix , qui fait penser à un prénom ou à  un surnom féminin, n'est pas le fruit du hasard, on s'en doute,  surtout quand il s'agit d'un personnage éponyme. Plus amusant encore ce fait réel dans la vie de Balzac: son père Bernard-François Balssa changea son nom à consonance italienne et féminine en Balzac.

Nous reparlerons dans un autre billet de la situation de La Zambinella et de la réaction de la jeune marquise à la toute fin du récit.

En attendant, bonne lecture, si vous avez eu la chance de ne pas encore avoir lu cette nouvelle.

Le texte est disponible ICI .

lundi 24 janvier 2011

Zigzag et zouave


Quelle relation peut-il bien exister entre un zigzag et un zouave?
On se le demande!
Pourtant...
Pourtant...

Une légende prétend que c'est lors du siège de Sébastopol (1854)  -la guerre de Crimée- que les Zouaves "inventèrent" la cigarette: les pipes en  terre trop fragiles finirent par manquer..L'un d'eux aurait eu la bonne idée d'employer les feuilles de papier servant à contenir la poudre des fusils et de rouler  pour la première fois, le tabac dans ces feuilles.

D'autres affirment que les soldats des troupes occidentales virent leurs camarades ottomans rouler leurs cigarettes dans du papier, ce qui était bien plus efficace que les feuilles de tabac qu'ils utilisaient jusqu'alors, parce que celles-ci s'émiettaient.

Ces légendes sont infirmées par des historiens qui ont montré que cet usage - rouler du tabac dans une mince feuille de papier-  est apparu dans le sud de la France (Languedoc) vers 1825 et que ce seraient les soldats des armées napoléoniennes en campagne en Espagne qui auraient découvert cette nouvelle façon de fumer, moins risquée que la pipe. Les Espagnols auraient utilisé dès la fin du 18ème siècle du papier fin (papel florete de hilo) pour fabriquer des cigarritos.

En 1894,  les frères Braunstein (fabricants depuis 1879) déposent un brevet d'invention pour un appareil à enchevêtrer les feuilles de papier à cigarettes. Cette machine plie les feuilles de papier à cigarettes et réalise un assemblage qui permet, lorsqu'on prend une feuille, de présenter automatiquement la suivante. Cette invention donne naissance au cahier automatique et conduit tout naturellement à proposer sur le marché un nouveau type de cahier le "Zig-Zag" parce que les feuilles enchevêtrées ont la forme d'un Z. Leur usine se situait à Gassicourt, près de Mantes la Jolie.

Cette production  devint une manne d'or jusqu'en 1925:  60 marques de papier à cigarettes étaient déposées chaque année: seules cinq ou six marques ont une durée de vie centenaire comme Le Nil, La Riz La+, Job, OCB . Jusqu'en 1939, les fabricants français de papier à cigarettes fournissaient 50 à 80% de la consommation mondiale de papier à cigarettes.

 En 1986 le groupe Bolloré (propriétaire depuis toujours d'OCB) rachète JOB et Zig-zag... et  revend en 2000 les trois marques à Républic Technologies, appartenant à Republic, client américain de Bolloré, groupe international implanté à Chicago. Bolloré, ça vous dit quelque chose?

Cette publicité est une autre histoire.

samedi 22 janvier 2011

Enigme


Ce puzzle devrait vous évoquer une œuvre littéraire célèbre. Laquelle? Ce sera encore mieux si vous donnez une explication des images.


Envoyez vos réponses par mail à xtinemer@gmail.com avant dimanche 20 heures. Je donnerai la solution et l'identité de (ou des)  heureux gagnant (s).

Comme je n'"entends" rien venir, je vous propose un indice supplémentaire.  



Amusez-vous bien!

Réponse

Il s'agissait donc de Candide de Voltaire, publié en 1759.

La première image faisait allusion au tremblement de terre de Lisbonne (1755). Il inspira à Voltaire une autre oeuvre, son Poème sur le désastre de Lisbonne qui lui permit de remettre en cause la théodicée ("optimisme raisonné") de Leibniz .
La deuxième photo présentait une Cadillac Eldorado, pays utopique que découvre Candide dans son périple, et à partir duquel ce héros va commencer à raisonner par lui-même.
La troisième photo faisait allusion aux retrouvailles avec la vieille et Cunégonde, qui étendent leur linge en terre de Propontide. C'est une parodie de l'épisode homérique de Nausicaa, aux bras blancs, qui accueille le naufragé Ulysse.
Enfin la dernière renvoie à la philosophie que se forge Candide contre Pangloss:  "Il faut cultiver son jardin."

Les heureux gagnants sont Anijo et Pierre! Bravo à eux et un coup de chapeau tout particulier à Anijo, Américaine qui a lu en français ce conte philosophique!

Un petit cadeau tout spécial for you 


jeudi 20 janvier 2011

Zorro

Je ne pouvais aborder le Z sans parler du « cavalier qui surgit du fond la nuit, court vers l'aventure au galop et signe son nom à la pointe d’une épée, d’un Z qui veut dire Zorro.»

C’était le temps de la télévision en noir et blanc et de mon enfance : Zorro était pour une demi-heure à peine, le héros du jeudi (je crois ?) sur la seule (?) chaîne de l’ORTF. Moi, Zorro, je le bénissais ! Pendant que mes frères galopaient sur son cheval, tournaient en dérision le sergent Garcia et restaient aussi muets que Bernardo, le fidèle serviteur du jeune et séduisant Don Diego de la Vega, pendant toute la durée des épisodes, j’échappais aux cachettes que je devais toujours trouver pour pouvoir enfin lire ! Lire. Lire jusqu’à plus soif, jusqu’à plus d’yeux. J’étais l’aînée de cette fratrie et à ce titre (tant honni), je me devais de trouver les idées de jeux et de jouer avec eux ! 



Peut-être qu’au fond, je n’ai pas su profiter de ces moments-là. La vie est-elle dans les livres ? Vit-on plus ?

Le temps de Zorro me manque parfois…

mardi 18 janvier 2011

Z de l'angoisse à la colère


« J’ai relu Mars de Fritz Zorn qui m’a comme tant de lecteurs bouleversé lors de sa parution en 1979. En voici les premières phrases : « Je suis jeune, riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul. J’ai eu une éducation bourgeoise et j’ai été sage toute ma vie. Naturellement, j’ai aussi le cancer, ce qui va de soi si l’on en juge d’après ce que je viens de dire. Cela dit, la question du cancer se présente d’une double manière : d’une part c’est une maladie du corps, dont il est bien probable que je mourrai prochainement, mais peut-être aussi puis-je la vaincre et survivre ; d’autre part c’est une maladie de l’âme dont je ne puis dire qu’une chose : c’est une chance qu’elle se soit enfin déclarée. «  Et voici la dernière : « Je me déclare en état de guerre totale. »

Cela paraît trop beau, mais c’est vrai : Zorn, qui veut dire « colère » est un pseudonyme, le vrai nom de l’auteur était Angst, qui veut dire « angoisse ». Entre ces deux noms, entre ces deux phrases, ce jeune praticien docile, aliéné, « éduqué à mort », comme il dit, est devenu à la fois un rebelle et un homme libre. La maladie, l’approche terrifiante de la mort lui ont appris qui il était, et savoir qui on est- Etienne dirait plutôt : où on est-, cela s’appelle être guéri de la névrose. Je n’ai pas cessé de penser, relisant Mars, à la vie qui aurait été celle de Fritz Zorn, s’il avait survécu, à l’homme accompli qu’il aurait pu devenir s’il lui avait été donné de jouir de cet élargissement de la conscience qu’il avait payé tellement cher. Et j’ai pensé que cet homme accompli, pour moi, c’était Etienne.

Je n’ai pas osé le lui dire, ni lui parler d’un autre livre, moins connu et qui m’a presque autant frappé cet été- là. Il s’appelle Le Livre de Pierre, c’est un long entretien de Louise Lambrichs avec Pierre Cazenave, un psychanalyste qui a souffert pendant quinze ans d’un cancer et qui en est mort avant que son livre paraisse. Il ne se définissait pas comme « ayant un cancer » mais comme « cancéreux ». « Quand on m’a annoncé mon cancer, dit-il, j’ai compris que je l’avais toujours eu. C’était mon identité. »  Psychanalyste et cancéreux, il est devenu psychanalyste pour cancéreux , en partant de l’intuition, personnelle et intime, mais vérifiée avec la plupart de ses patients, que « la pire des souffrances, c’est celle qu’on ne peut partager. Et le malade cancéreux, le plus souvent, éprouve doublement cette souffrance. Doublement parce que, malade, il ne peut partager avec son entourage l’angoisse qu’il ressent, et parce que sous cette souffrance en gît une autre, plus ancienne, datant de l’enfance et qui elle non plus n’a jamais été partagée, jamais été vue par personne. Or, c’est cela le pire pour quelqu’un : n’avoir jamais été vu, n’avoir jamais été reconnu. »
C’est à cela que sert, dit-il, la cure des cancéreux : à voir et reconnaître cette souffrance, à faire que d’elle au moins le patient guérisse. Cela ne l’empêchera pas de mourir, mais, entre Molière qui se moquait des médecins dont les malades meurent guéris et le grand psychanalyste Winnicott qui demandait à Dieu  la grâce de mourir pleinement vivant, Pierre Cazenave est clairement du côté de Winnicott. Son client, c’est le malade qui accueille sa maladie, non comme une catastrophe accidentelle, mais comme une vérité qui le concerne intimement, une conséquence obscure de son histoire, l’expression ultime de son malheur et de son désarroi face à la vie. »

Ce long extrait est tiré du dernier livre d’Emmanuel Carrère D’autres vies que la mienne, paru en 2009 et dont on ne ressort pas indemne ! Livre rare, qui parle de la vie, de l’amour, de la maladie, de la mort. Comment des gens ordinaires frappés par le malheur réagissent-ils ? Comment continuent-ils à vivre ? Qu’est-ce qui les rapproche ? Tous ces beaux sentiments ne font pas de la mauvaise littérature, au contraire. C’est un livre inclassable, qui porte et habite je ne sais quoi : le cœur, l’intelligence, le plus profond et le plus vulnérable qui est en nous.

J’ai osé offrir ce livre à A., ma meilleure amie. Elle déclare son cinquième cancer. Nous ne nous mentons plus. J’ai remplacé les « Bats-toi » par « Je t’aime ». Cela change considérablement les choses !

dimanche 16 janvier 2011

Enigme

Cette lettre, inspirée largement de celles des Liaisons dangereuses,  (merci à Choderlos, car j'ai honteusement plagié quelques lettres de la Présidente de Tourvel pour construire cette énigme!), raconte un épisode  d'un célèbre ouvrage de la littérature française. Quel est cet épisode? Quel est l'auteur de cette lettre? A qui est-elle destinée? Et enfin quel est le titre de cette œuvre?

Nomade,  Jaume Plensa,  2007

  "Je ne voulais pas vous écrire,  Monsieur, et peut-être l’embarras que j’éprouve à choisir mes mots en ce moment est-il  lui-même une preuve qu’en effet je ne le devrais pas.  Cependant, je ne veux vous laisser aucun sujet d’espérer : je veux vous convaincre que mon silence devant votre méfait, en cette après-dînée,  ne saurait signifier une quelconque faiblesse de mon coeur.  La raison voulait que je vous demandasse l’objet que vous aviez dérobé  mais en le demandant publiquement je risquais d’apprendre au monde les sentiments que vous avez pour moi. Vous en prier en particulier vous encourageait  à m’entretenir d’un sentiment dont vous ne pouviez douter que je m’en trouvasse offensée.

Abusant de ma retenue, vous n’avez pas craint de m’exposer à une surprise dont l’effet aurait pu être  interprété défavorablement pour moi,  par les personnes qui nous entouraient. Ce moment de trouble, vous l’avez fait naître et loin de chercher à en distraire ou à le dissiper, vous avez paru mettre tous vos soins à l’augmenter encore. Par une inconséquence bien incompréhensible, attachant votre regard au mien en cet instant où je vous surprenais, vous n’avez cessé de fixer sur moi ceux du cercle, dans un moment où j’aurais voulu pouvoir même me dérober aux miens. Forcée par vous au silence et à l’immobilité,  vous n’en avez pas moins continué de me poursuivre : au moment de vous retirer, votre audace vous a encouragé à murmurer des mots insensés sans attendre ma réponse, m’exhortant à feindre d’ignorer le geste que vous aviez osé faire.

    Chérie d’un mari que je respecte, mes plaisirs et mes devoirs se rassemblent dans le même objet. S’il existe des plaisirs plus vifs, je ne les désire pas ; je ne veux point les connaître. En est-il de plus doux que d’être en paix avec soi-même, de n’avoir que les jours sereins, de s’endormir sans trouble, et de s’éveiller sans remords ?  Vous m’écrivez votre joie : je vous confie les vifs remords que votre conduite et votre lettre me causent. Cessez donc, je vous en conjure, cessez de troubler un cœur à qui la tranquillité est si nécessaire. Cette lettre est la première et la dernière que vous recevez de moi."


Pour  permettre à chacun de répondre en toute indépendance d'esprit, envoyez votre réponse par mail à xtinemer@gmail.com.avant lundi soir.
Le nom de l'heureux gagnant sera proclamé mardi 18 janvier.

Amusez-vous bien!



Il s'agissait de La Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette, roman publié en 1678. On a dit de ce roman qu'il était "le premier grand roman moderne", un roman d'analyse; il représente aussi l'entrée en scène des premières intellectuelles  et notamment des Précieuses, mouvement féminin d'émancipation... dont Molière a raillé les abus dans une célèbre farce.

La lettre que j'ai inventée de toutes pièces relate le vol du portrait, une miniature qui appartenait à Monsieur de Clèves: c'est donc la Princesse qui écrit au duc de Nemours- le voleur- pour lui expliquer les raisons de son silence, alors qu'elle l'a vu voler l'objet.


Bravo à Pierre et ZapPow qui ont trouvé la réponse!

Pour lire ou relire le passage dont il est question, je vous invite à aller ICI.

vendredi 14 janvier 2011

Zigues ( drôles de...).

Zig ou Zigue, nom masculin, d'abord zig (1835) puis zigue (1867, bon zigue), représente peut-être une déformation de gigue au sens de "fille, personne enjouée"; la substitution de zi à gi imiterait un défaut de prononciation. Le mot équivaut à "individu, type"; il est sorti d'usage employé seul (1892) et est souvent accompagné de l'adjectif qualificatif bon

Les deux vidéos qui vont suivre datent respectivement de 1971 et de 1982.
Voici de drôles de zigues qui ont toute ma sympathie. C'est ce qu'on appellerait aujourd'hui le politiquement incorrect mais moi, je ne me lasse pas de ces deux moments de télévision grave et irrésistible....
 
 

                                                et   ICI

mercredi 12 janvier 2011

Z lettre maudite

Le 15 janvier 1944, le convoi Z quittait le territoire français pour Birkenau: il comptait 145 Tsiganes arrêtés dans le Nord de la France.  Z pour Zigeuner (Tsigane en allemand), triangle marron.

Pendant la dernière guerre, le gouvernement de Vichy s’est « contenté » d’interner Tsiganes, Manouches, Gypsies, nomades (les chiffres varient entre 3000 et 6000 individus pendant le conflit) : une trentaine de camps ont été recensés sur le territoire. Certains ont été ouverts avant l’Occupation et les derniers furent fermés en 1946. Oui, vous avez bien lu, en 1946 !

Pendant la guerre, les Tsiganes du Nord ne se sentaient pas trop inquiétés, même si dès 41 ils devaient faire viser chaque mois une « carte » de nomades. Le convoi Z de janvier 44 demeure donc une triste exception : à partir d’octobre 43, Himmler ordonne des arrestations massives.  En Belgique d’abord puis à Roubaix, Arras, Tournai. Des familles entières sont arrêtées et pendant plusieurs semaines internées  à Malines, dans la caserne Dossin : il sont tous maltraités.  Aux 145 Tsiganes français  rassemblés pour partir à Birkenau  s’ ajoutent  peu à peu 121 Tsiganes belges. De ce convoi survivront une douzaine de déportés. 


C’est de ce fait que s’est inspiré Tony Gatlif pour son film Liberté  sorti  sur les écrans en février 2010. Hélas! son film a été mal distribué et le tapage médiatique fait autour de La Rafle  , film sorti au même moment, a remporté la mise: pourtant, le thème connu et reconnu de ce énième film sur la déportation des Juifs dégoulinait de bons sentiments et quel ménage peuvent faire les bons sentiments et l’horreur à l’état pur ? Du coup, Liberté sorti au même moment n’a pas permis au grand public de découvrir le sort de cette communauté dont 500 000 membres ont été exterminés et n’a pas atteint le but recherché : reconnaître l'internement et la déportation de cette population, passée longtemps sous silence, comme celle des homosexuels, aussi.

lundi 10 janvier 2011

Z ζῷα

Τὰ ζῷα τρέχει
(ta dzoa trékeille)

« Les animaux courent», voilà la traduction d’une des premières  phrases que l’on apprend (apprenait ?) en grec ancien et qui  illustre l’accord du verbe au singulier avec un sujet au pluriel neutre.

 Ils courent toujours, depuis cette classe de seconde où,  les effectifs commençant à dangereusement baisser, on pouvait commencer l’étude du grec ancien sous la dénomination « Grec grands commençants » ! Quel motif m’a poussée à choisir cette langue ancienne, si tard? Je me rappelle avoir voulu traduire L’Odyssée dans le texte . Un toc, sans doute !  Mais le chemin se méritait car avant de traduire ce poème homérique, il fallut passer sous les fourches caudines : suivre  le long  périple de Xénophon et de son Anabase. J’attendais avec impatience que les Dix-mille retrouvent la mer et s’écrient "Thalassa, Thalassa " pour rejoindre enfin Ulysse polumétis, l’homme aux mille ruses.

Sur l’itinéraire de Cyrus et de ses Dix-Mille, il y eut notre première découverte de potache  ουκ ελαβον πολιν, αλλα γαρ, ελπις, ηλτον εφη κακα…  (à prononcer « Oukè la bonne Pauline, à la gare, elle pisse, Elton, et fait caca ») . L’art de la guerre virait à la scatologie, ce qui nous ramenait  non pas vers les rives du Pont Euxin mais vers celles bien plus douces de l’enfance où les « pipi caca » déclenchaient systématiquement nos rires !


Les premiers vers du poème homérique arrivèrent enfin et ce furent ceux du chant IX : nous traduisions comme nous le pouvions les repas de Polyphème, ce cyclope anthropophage, gourmand de chair humaine ! La traduction n’avait rien d’épique ! Homère ne nous épargnait rien des détails : je me souviens que ces trois heures de cours étaient placées juste avant le déjeuner. Après avoir eu le cœur dans la gorge, nous l’avions ensuite au bord des lèvres.

Après sept ans de grec, de lecture studieuse de la grammaire Ragon Dain (ça ne s’invente pas) et du Bailly, après un concours difficile,  je n’ai JAMAIS enseigné le grec !

Les animaux n’ont donc jamais pu courir… et j'ai tout perdu! Dommage !

dimanche 9 janvier 2011

Enigme



L’abécédaire fera quelques pauses ludiques pendant son déroulement  en proposant des énigmes de toutes sortes.

Voici la première :

« Aujourd’hui on enterre un écrivain.  Comme une dernière manifestation. Une foule inattendue, silencieuse, respectueuse et anarchique bloque les rues et les boulevards autour du cimetière Montparnasse. Combien sont-ils ? Trente mille ? Cinquante mille ? Moins ? Plus ? On a beau dire, c’est important d’avoir du monde à son enterrement. Si on lui avait dit qu’il y aurait une telle cohue, il ne l’aurait pas cru. Ça l’aurait fait rire. Cette question ne devait pas beaucoup le préoccuper. Il s’attendait à être enterré à la sauvette avec douze fidèles, pas avec les honneurs d’un Hugo ou d’un Tolstoï.  Jamais dans ce demi-siècle, on n’avait vu autant de monde pour accompagner un intellectuel. A croire qu’il était indispensable ou faisait l’unanimité. Pourquoi sont-ils là, eux ? Pour ce qu’ils connaissent de lui, ils n’auraient pas dû venir. Quelle absurdité de rendre hommage à un homme qui s’est trompé sur tout ou presque, fourvoyé avec constance et a mis son talent à défendre l’indéfendable avec conviction. Ils auraient mieux fait d’aller aux obsèques de ceux qui avaient raison, qu’il avait méprisés et descendus en flammes. Pour eux, personne ne s’est déplacé.


Et si, derrière ses échecs, il y avait autre chose, d’admirable, chez ce petit homme ; cette rage de forcer le destin avec son esprit, d’avancer envers et contre toute logique, de ne pas renoncer malgré la certitude de la défaite, d’assumer la contradiction d’une cause juste et d’un combat perdu d’avance, d’une lutte éternelle, toujours recommencée et sans solution. »

                     Jean-Michel Guenassia, Le Club des Incorrigibles Optimistes, 2009

De qui s’agit-il ?

samedi 8 janvier 2011

Zeugma

                                                                                                         Eric Martin®
 
Aller aux vêpres et au diable vauvert
Suivre la mère supérieure et son petit bonhomme de chemin
Avoir les yeux rivés sur ses pieds et la tête dans ses pensées
Donner sa vie et le bon dieu sans confession
Marcher en silence et sur des œufs
One nun holds something in her hand and God in her heart. (Anijo)


Vous en avez d'autres?

Zweig Stefan (1881-1942)

Portrait de l'artiste dit Le Désespéré, Courbet 1844-1845

Le joueur d'échecs.  C'est sa dernière nouvelle, une nouvelle testament, une nouvelle où le contexte contemporain est explicite: le docteur B. se fait arrêter la veille du jour où Hitler entre à Vienne (le 13 mars 1938). Il gérait les biens de l'Église et de grandes familles riches. Il est enfermé comme tous les personnages influents de la république autrichienne dont on peut tirer profit  dans le plus grand hôtel de Vienne, "Le Métropole". Un hôtel réquisitionné par la Gestapo qui mène des interrogatoires sans tortures physiques.

Un régime de faveur? Non, une cage dorée où s'exerce à un haut degré la cruauté la plus raffinée: une extrême solitude, "jour et nuit, les yeux, les oreilles, tous les sens ne trouvaient pas le moindre aliment, on restait seul, désespérément seul en face de sois-même, avec son corps et quatre ou cinq objets muets: la table, le lit, la fenêtre, la cuvette", des interrogatoires qui tournent à la torture mentale: l'interrogé ne sait pas ce que ses juges savent et la peur de dénoncer taraude le prisonnier avant, pendant et après chaque interrogatoire. Cette pression puissante et insidieuse n'aura pas raison du docteur B. qui y échappe en découvrant un manuel d'échecs. Il lui sauvera la vie, au risque cependant de devenir fou.

A l'occasion d'un voyage sur un paquebot,  quelques années plus tard, il accepte de jouer une partie-et une seule- contre un champion d'échecs pour savoir s'il est capable de jouer "en vrai", lui qui n'a joué que mentalement pendant les mois de sa captivité. De cette partie le docteur B. sort gagnant, mais contre toute attente, il accepte d'en jouer une autre.

L'intensité de cette nouvelle croît au fil des pages; la lecture est riche, multiple. Lecture historique bien sûr, allégorique, psychologique, mais aussi le sentiment toujours présent-pressant-que Zweig écrit là sa dernière oeuvre, conscient de le faire. Il était pacifiste, avait déjà traversé une grave crise morale après la déclaration de guerre de 1914. La deuxième guerre mondiale en anéantissant des dizaines de millions d'hommes avec une barbarie incommensurable, le plonge dans un état de désespoir: son pessimisme en l'homme est le plus fort. Peu de jours avant son suicide, il écrit à sa première femme:
"Ou bien la tempête va finir un jour, ou bien on en finit soi-même."

lundi 3 janvier 2011

Zaïde

A Pierre...

Il ne s’agit pas du singspiel de Mozart, notamment cet aria de l’acte I, Ruhe sanft, mein holdes Leben, qui est très beau …

Il ne s’agit pas  non plus du roman de Mme de Lafayette publié sept ans avant La Princesse de Clèves.

Cette Zaïde-là  est jeune -sans doute pas plus de 80 ans - possède quatre  têtes, huit mains et elle est enchanteresse ! Ni monstre, ni Hydre de Lerne, ni dragon. Non, non ! La voici.

C’est un jeune quatuor à cordes parisien que nous avons découvert à Bordeaux en mai 2010. Ces quatre instrumentistes concouraient pour le 6ème Concours international de quatuors à cordes de Bordeaux, qui se déroulait autrefois à Evian (de 1976 à 1998). 

Ce concours a lieu tous les trois ans. Cette année, lors de la première épreuve il y avait 9 quatuors  en lice, venus de tous pays et seuls quatre ensembles ont disputé la finale. On assiste gratuitement  à tous les concerts au Grand Théâtre de Bordeaux, un joyau architectural magnifiquement restauré depuis peu  Les œuvres sont imposées et donc on entend plusieurs fois les mêmes morceaux. C’est étonnant et l’oreille, même peu experte comme la mienne, discerne les différences. Nous nous sommes régalés, et dans cette salle somptueuse, chacun au début du concert retient son souffle : et puis après le voyage commence, « nous sommes embarqués »

Nos « chouchoutes » étaient donc ce jeune quatuor, toutes les quatre des virtuoses, pleines d’énergie et de tempérament. Trop peut-être ? Elles n’ont pas remporté le 1er prix mais celui de la presse internationale.

Naviguez sur leur site, écoutez les quelques extraits qui sont proposés,  c’est un régal !

Certains disent que le quatuor à cordes est la quintessence de la musique. Ce qui est admirable, c’est le parfait accord entre les instrumentistes : il ne suffit pas d’être un très bon musicien, il faut aussi s’accorder aux autres, jouer avec le même esprit et ne pas livrer un combat pour se « distinguer ». Ici, c’est l’école de l’humilité et l’écoute qui triomphent. Voilà pourquoi les quatuors sont des ensembles fragiles qui ne résistent pas nécessairement au temps… Il faut les cueillir quand ils jouent!

Nous avons profité de notre passage à Bordeaux pour passer une très belle soirée  avec Warren, dont la fille est une artiste douée qui vit à Madrid et C. qui tient un blog très personnel et intéressant,  Les tempes du temps, et pour rapporter du Bordeaux bien sûr. Eh! Pas folle la guêpe!